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6 décembre 2007
Jean-François Malherbe
Le professeur Jean Ladrière s'est éteint doucement le 26 novembre, à Ottignies, Belgique. Son influence architectonique sur les programmes de la Faculté de théologie de Sherbrooke lui a valu en 1993 un doctorat d'honneur.
Jean Ladrière a été pour moi un maître depuis ce jour de septembre 1969 où je l'ai rencontré pour la première fois. C'était à l'occasion d'un cours qu'il donnait cette année-là et où il nous initiait à la théorie des nombres «imaginaires» (i = racine carrée de -1). Quelque temps plus tard, il avait accepté de diriger mon mémoire de licence puis ma thèse de doctorat dont il avait préfacé la publication (La philosophie de Karl Popper et le positivisme logique, 1977). Il fut un membre très écouté du comité de direction du Centre d'études bioéthiques dont j'ai eu la responsabilité à la Faculté de médecine de l'Université de Louvain (1983-1992). Son soutien à mon égard comme à l'égard de tous ceux qu'il aimait ne s'est jamais démenti, ni au plan professionnel, ni au plan personnel.
Aussi me souviens-je avec grande émotion de ce jour de l'automne 1996 où il m'invita, tout en marchant sur la plage de mon enfance à St-Idesbald, où il résidait souvent, à l'appeler désormais par son prénom. Jusqu'à ce jour, lui aussi m'avait appelé «Monsieur».
Les engagements de Jean Ladrière dans différentes sociétés savantes internationales l'amenaient à voyager beaucoup : Japon, Brésil, USA, Congo, Chine, Italie, Canada… À l'occasion de ces déplacements, il aimait rencontrer ses anciens élèves et ses amis. Et c'est avec une immense gratitude que j'ai réalisé récemment que, jusqu'à ses 82 ans, il m'a rendu visite sans aucune exception dans toutes les maisons que j'ai habitées depuis que nous nous étions rencontrés…
C'était un homme discret et souriant, toujours à l'écoute d'autrui. Sa candeur n'avait d'égale que son immense savoir et sa puissante capacité d'interrogation critique. Son regard portait sur les êtres une lumière à la fois douce et forte qui transparaissait de ses yeux d'azur si intenses. C'était un regard délicat et pénétrant qui voyait sans nul doute bien au-delà des apparences…
Jean Ladrière était un homme bon, modeste, attentif et prévenant. C'était aussi un conteur incroyable qui aimait les histoires cocasses et les racontait avec bonheur. Il riait alors comme un enfant et son rire attendrissant était contagieux.
Jean Ladrière était pour moi un maître de vie et de lecture ainsi qu'un ami très cher…
Adieu, Jean! Et, du fond du cœur : merci!
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